PUBLICATIONS
La Forge
facebook
Newsletter
Contact

  • La Forge
    • LE COLLECTIF
      • La Forge ?
      • Le collectif actuel
      • Les auteurs d’avant
      • L’abécédaire de La Forge
      • Ensemble d’Elisabeth Piot, 2020
      • Subvention 2016
      • Non labellisée, 2015
      • La Forge s’expose, 2008, 2014
      • En réflexions publiques,1999-2014
      • En actes, 1994-2014
  • Actes
    • À VENIR, ACCOMPLIS
  • Habiter la nature ?
    • QUOI, QUI, OÙ… ?
      • Habiter la nature ?
      • Le Village, La Forge
    • RENCONTRES
      • JP.Christen D.Lachaud
      • Chasseurs D.Lachaud
      • R.Vilbert D.Lachaud
      • R.Vilbert C.Baticle
      • Châtelain D.Lachaud
      • Chârelain C.Baticle
      • Jeunes D.Lachaud
      • Jeunes C.Baticle
      • Agriculteur/trice D.Lachaud
      • Agriculteur/trice C.Baticle
      • Habitant·e·s D.Lachaud
      • Habitant·e·s C.Baticle
      • Le Rassemblement
      • Rassemblement, C.Baticle
      • LPAG D.Lachaud
      • LPAG C.Baticle
      • Camille C. D.Lachaud
      • Camille C. C.Baticle (1)
      • Camille C. C.Baticle (2)
      • Liliane Bled, D.Lachaud
      • Liliane Bled, C.Baticle (1)
      • Liliane Bled, C.Baticle (2)
      • Eric Caron, D.Lachaud
      • Eric Caron, C.Baticle
      • Cécile Fontaine, C.Baticle
      • Cécile F., D.Lachaud
      • J.M. Fontaine, D.Lachaud
      • J.M. Fontaine, C.Baticle
      • Louise Dalle, C.Baticle
      • Louise Dalle, D.Lachaud
      • Marion Bacrot, D.Lachaud
      • Faire commun, C.Baticle
      • Les alouettes, S.Douchain
    • PRODUCTIONS
      • Photos, E.Larrayadieu
      • Productions, MC.Quignon
      • Bio-culture, S.Douchain
      • Hétérotopie 1, C.Baticle
      • Hétéropopie 2, C.Baticle
      • Hab. la nature, C.Baticle
    • PLAINES D’ÉTÉ
      • Impromptu, D.Lachaud…
      • Impromptu, collectif
      • Atelier, V.Debure
      • Lecture, D.Lachaud
      • Rencontre, C.Baticle
      • Ateliers, collectif
      • Impromp., E.Larrayadieu
      • Rencontre, S.Douchain
      • Impromptu, MC.Quignon
    • ACTES antérieurs
      • En Thiérache
    • CONTRIBUTIONS L.F.
  • Réalisations
    • 16. HABITER L’EXIL
      • Cahiers des ateliers
      • je suis ici, exilé.es
      • Je suis ici, réfugié·e
      • Ateliers au Lycée
      • Mon quotidien
      • Des images pour…
      • Semaine de l’Égalité
      • Atelier FLE
      • Atelier Métallerie
      • FLE – Conversations autour de l’exil
      • Récits (1, 2, 3)
      • Ils sont ici
    • 15. HABITER UN BORD DE MONDE
      • Un camp palestinien
      • Aïda, Islam…
      • Arroub, Jehan…
      • Askar, Dima…
      • Dheisheh, Mariana…
      • Qadoura, Alaa…
      • Maghazi, Najma
      • Résidences
      • Productions
      • Réfugié·e·s palestin·ne·s
      • Réflexions, regards
      • Printemps palestiniens
      • Festival Palestine 2018
      • Palestine
    • 14. HABITER UN BORD DE VILLE
      • Zone Urbaine Sensible
      • Ici, là où j’habite
      • Souffrir, C.Baticle
    • 13. HABITER UN BORD DE FLEUVE
      • Réhabilitation paysagère
    • 12. ET LE TRAVAIL ?
      • Agricole, industriel…
      • 0. Belfort, 2004
      • 1. Thiérache, 2005-2007
        • Thiérache, vidéos
      • 2. Montataire, 2005-2007
      • 3. Guise, 2005-2009
        • Guise, Le Tas de Briques
      • 4. Malmaisons, 2008-09
      • 5. L’étoile, 2008-2010
        • L’Étoile / Vidéos
        • L’Étoile : Paternalisme et État-Providence
      • Thiérache-Montataire-Guise, 2007
    • 11. OBJETS DE RÉDERIE
      • Fées Diverses
      • Ault-Onival
    • 10. JARDIN O(E)UVRIER
      • Culture contre l’illettrisme
    • 9. QUELLE VIE
      • Paternalisme, chômage
      • Pernois. Leslie Kaplan
      • écrire, Leslie Kaplan
    • 8. VACANCES/VACANCE
      • Camping folies
    • 7. BAZAR POLITIQUE
      • Esthétique, poétique…
    • 6. MILLE MILLIONNAIRES
      • Jeu de l’État
    • 5. PHOTOGRAPHIE/ENGAGEMENT
      • Implication, distance
    • 4. PUBLIC-PRIVÉ
      • Théâtre, électricité, 1996
    • 3. UNITÉ UNIFORMITÉ
      • Union, diversité, 1995
    • 2. MILLE ET UN BOCAUX
      • Paroles de femmes
    • 1. UN SIGNE EN SANTERRE
      • Traces de guerre, 1994
  • Publications
    • DE LA FORGE
    • Au Frac Picardie
    • À la BNF
  • Contact
  • Accueil

Accueil > Habiter la nature > Contributions, LF > LE CHOC
Printemps_tract1

Articles récents
  • COMPTAGE DU GIBIER 6 avril 2022
  • JEAN-PIERRE CHRISTEN, MARAÎCHER 4 avril 2022
  • Une petite contribution 24 mars 2022
  • LES CHASSEURS 24 mars 2022
  • RENCONTRE AVEC RICHARD VILBERT 2 mars 2022
  • LA VIE DES SOLS 2 mars 2022
  • GILLES POUJOL DE MOLLIENS 14 décembre 2021
  • UN CADEAU EMPOISONNÉ 14 décembre 2021
    Bord de monde ?
    • Autres contributions
    Les auteurs
    • Christophe Baticle
    • Contributeur
    • Denis Lachaud
    • Eric Larrayadieu
    • La Forge
    • Marie Claude Quignon
    • Mickaël Troivaux
    • Nous Travaillons Ensemble
    • Sophie Douchain
    Les mots cléfs
      agriculteur agricultrice agriculture Chasse demain Habiter HABITER LA NATURE ? impromptu jeunes mémoire agricole photographie périurbanisation Réfugiés ici Réfugiés palestiniens Vignerons village
    20 mai 2019

    LE CHOC


    Candide,
    Surnuméraire ès sciences sociales.

    Le 20 mai 2019

     

    [Face à la menace d’expulsion de Mohamed Camara]

    Les Sciences Sociales, la Conscience et les ruines de nos âmes

     

    Le Collectif La Forge a entamé, depuis maintenant près d’une année, un travail de réflexion et de co-production avec un groupe de jeunes mineurs étrangers isolés (MIE : Mineurs Isolés Etrangers, tels qu’on les appelle dans les catégories administratives). Ces derniers sont hébergés dans un lycée amiénois lorsque l’internat y est ouvert. Le reste du temps ils naviguent entre réseaux de solidarité et… la rue. Dans ce lycée leur est également dispensée une formation professionnelle, ce qui paraît être le minimum si l’on ne veut pas leur reprocher, demain, d’être des « inutiles au monde »[1]. Et le 14 mai dernier, la nouvelle tombait : l’un de ces jeunes se retrouvait sous le coup d’une menace d’expulsion du territoire. Une banalité désormais que ces rejets. Mais, pour nous, qui avons travaillé avec ce jeune homme, un choc et une incompréhension.

    Nous voudrions tout d’abord solliciter la lectrice, le lecteur pour sa mansuétude : ce texte est écrit dans l’urgence, sans le temps nécessaire peut-être à l’ensemble des références qui lui seraient nécessaires. Qu’on veuille bien nous en excuser, mais c’est l’actualité qui domine ici.

    D’ici quelques heures donc, nous serons un certain nombre à tenter d’épauler Mohamed, jeune guinéen d’une petite vingtaine d’années, qui a dû fuir son pays pour se réfugier en France à partir de 2016. Vingt ans, c’est l’âge de tous les espoirs, de toutes les ambitions permises et des idéaux. Pourtant, dans le cas de Mohamed, bien avant ce cap que nous regardons parfois avec nostalgie, nous qui l’avons dépassé, c’était déjà la douleur et des épreuves que nous ne souhaiterions pas à notre ennemi le plus intime.

    Mais c’est devenu si banal que l’on pourrait se demander pourquoi ce texte ? Pourquoi lui plutôt qu’un autre, une autre ? Est-il légitime de s’engager quand on prétend être un spécialiste de la « distance », si nécessaire dans les sciences sociales ? Il serait possible de se contenter de la phrase célèbre de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »[2].
    Nous voudrions avancer un second argument : la proximité ne fait pas que rapprocher des personnes, elle est le premier pas contre l’ethnocentrisme, cette tendance à rejeter l’autre, l’inconnu dans le profondément différent et l’indifférence.

    En réalité, cette altérité n’est pas si importante qu’on pourrait le supposer et le serait-elle-même qu’elle ne justifierait pas la politique de l’expulsion. Il serait assez facile d’invoquer la mondialisation qui uniformiserait les cultures et rendrait l’autre si proche. Mais la différence subsiste et c’est heureux, car de cette altérité naît la curiosité et finalement une découverte de nous-mêmes sous un autre jour.

    Car c’est de cela dont il est question ici : Mohamed nous en apprend long sur nos silences, nos cécités. Il nous révèle encore, par sa persévérance et son désir de s’intégrer dans notre société, que chaque génération de nouveaux venus apporte sa contribution à cette entité que nous appelons nation et vis-à-vis de laquelle nous exprimons parfois une forme de fierté. Nous pouvons en témoigner dans la mesure où il participe assidument, depuis mai 2018, à ce que notre Collectif tente de mettre en place avec ses camarades et lui, dans ce lycée amiénois.
    La question qui se pose alors concerne notre devoir de retour à son égard. Max Weber, ce sociologue allemand qui a révolutionné la pensée sur les phénomènes sociétaux, avait déjà interrogé cette question de l’engagement des chercheurs[3]. Il proposait notamment la « neutralité axiologique » comme principe cardinal pour ces derniers. « Neutralité » que l’on pourrait entendre comme une forme de refus de s’engager. En fait, par cette formule Weber entendait inviter ses collègues à développer une conscience aiguë à leurs propres valeurs, afin de limiter autant que possible les biais dans l’analyse. Neutralité axiologique ne signifie donc en rien l’absence de position, mais la réflexion quant à son positionnement en tant qu’analyste. Au contraire, c’est par son positionnement conscientisé que le chercheur peut réduire les biais de ses résultats.

    Nous sommes ainsi au cœur de ce qui va se produire à Amiens ce jour, à savoir un rassemblement en faveur de Mohamed. Le refus de prendre parti, au nom de la distance critique, peut s’entendre et se respecter, mais il doit être éclairé par les éléments objectifs dont nous disposons.
    Que sont ces éléments aujourd’hui ? En premier lieu, Mohamed prépare avec ferveur un CAP de couvreur et il est paradoxal de vouloir jeter dehors celui qui se proposait de nous mettre à l’abri des intempéries. Quoi qu’il en soit, l’appel lancé par le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) ne nous permet pas de rester à l’écart de ce qui se produit.

    « [Mohamed participe] depuis le mois de mai 2018, aux productions du collectif d’artistes et scientifiques professionnels La Forge, en qualité d’auteur amateur. Il a participé à l’écriture du texte “Regard croisés”, et, est un des acteurs sur scène de la Lecture-Performance, qui a été donnée à la Maison du Théâtre d’Amiens et dans le cadre du 18ième salon du livre à Arras, le 1er mai 2019. »

    Le texte appelant au regroupement ne pouvait pas ne pas mentionner la participation de Mohamed à l’action menée par La Forge. Par là, nous nous retrouvons nécessairement impliqués et il serait particulièrement lâche de rester ici dans une distance critique qui manquerait notre obligation de réflexivité.

    Nous voudrions ainsi apporter notre témoignage à l’engagement, impressionnant, de Mohamed. Mardi 30 avril, se déroulait en quelque-sorte une mise à l’honneur des actions engagées avec ce groupe de jeunes depuis un an. Alors que l’exposition photographique réalisée à partir de leurs prises de vue avait déjà étonné le public, Mohamed est « monté sur scène » pour une lecture qui devait forcer le respect des auditeurs.
    Il faut s’imaginer à vingt ans à peine passé, devant les gradins d’un amphithéâtre, à prononcer ces phrases issues de l’atelier coordonné par l’écrivain Denis Lachaux, sans aucune expérience d’une telle épreuve. Et une épreuve, s’en fut une. Mohamed l’a relevée avec un courage qui interpelle. Sa maîtrise du français, et qui plus est lu, son acharnement à vivre son rôle sur la scène de la Maison du théâtre d’Amiens, et devant un public nombreux, devraient nous faire réfléchir.

    Il faut bien le reconnaître, Mohamed nous incite à sortir de notre « zone de confort » habituelle et nous amène à reconnaître encore davantage que nous lui devons beaucoup.
    Ce soir là, Mohamed a fait la démonstration d’un courage qui nous oblige. Rien ne l’y obligeait. Nous ne donnons pas autant lorsque nous faisons du tourisme dans ces pays qui nous paraissent si « exotiques ». Son engagement était un message à notre adresse, un volontariat qui résonne l’appel à la reconnaissance. Par ce trop rapide témoignage, nous voudrions lui rendre un peu de ce don.
    Merci Mohamed !

     

    ——————————————————————————————————————————————

    [1] Cf. Laurent Bonelli : « Les “inutiles” au monde », Le Monde diplomatique, n°587, 2003/2, page 3B. Par cette expression bien connue, l’auteur reprend l’analyse du sociologue Robert Castel lorsque celui-ci parlait des « Désaffiliés », hommes et femmes qui ont perdu ce qui les reliait à la société. Laurent Bonelli traite dans ce texte des « exclus du monde scolaire et du monde professionnel », à savoir tous ces jeunes qui se retrouvent à l’extérieur de ce qui fait la reconnaissance, ici les institutions scolaires et le travail.

    [2] Dans Pantagruel, 1532.

    [3] Cf. Le savant et le politique, Paris, Plon, 1959 est la traduction de deux conférences de Weber, datant de 1917 et 1919, prononcées à l’Université de Munich.

     


    Newsletter
    Contact