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Dheisheh – مخيم الدهيشة

 

0 ♦ Dheisheh
1 ♦ Mariana et Muhamad, Denis Lachaud

2 ♦ La troupe de danse d’IBDAA, Denis Lachaud

 

Photo de Mariana


0 ♦ Dheisheh

Camp de réfugiés palestiniens de Cisjordanie, en Palestine

Situé dans les limites municipales, sur la route principale au sud de Bethléem, à 8 kilomètres de Jérusalem, un des trois camps, avec Aida et Beit Jibrin, situés autour de Bethléem. Site temporaire créé en 1949 pour 3 400 palestiniens. Établi sur moins de 0,6 kilomètre carré, un terrain loué au gouvernement jordanien. Originaire de 46 villages de Jérusalem-Ouest et d’Hébron. Près de 13 000 réfugiés enregistrés.

Tous les réfugiés sont reliés à l’eau publique et à l’infrastructure de l’électricité, 15 pour cent des foyers ne sont pas connectés au système d’assainissement public :  utilisation de latrines connectées à des bassins de percolation.
Un tiers des personnes sont au chômage, avec des possibilités d’emploi limitées par l’inaccessibilité au marché du travail israélien. Les chômeurs ouvrent souvent de petites entreprises, comme les étales routiers.

Avec :
Deux écoles, manquant cruellement de moyens.
Un centre de distribution alimentaire.
Un centre de santé de l’UNRWA, un seul médecin, à temps partiel, s’occupe de tous les malades du camp.
Le Comité populaire des réfugiés qui auto-gère le camp est constitué de représentants des différentes organisations politiques et associations du camp.
Le Centre Phoenix. Projet qui a débuté en 1997 avec pour but au départ de construire un lieu pour les enfants du camp. Après différentes péripéties et notamment deux destructions par l’armée israéliennes, le centre a pu être terminé. Des activités s’y déroulent depuis 2002 et l’inauguration officielle a eu lieu en juin 2004. Dirigé par le Comité Populaire du camp, le personnel est salarié excepté la direction qui est bénévole. 23 personnes travaillent au centre Phoenix par roulement de deux équipes. Les gens y travaillent dix jours puis laissent leur place pour permettre qu’un maximum de personnes du camp bénéficient de cette opportunité d’avoir un salaire. Seuls les tâches spécialisées comme cuisinier ou jardinier ne sont pas renouvelées tous les 10 jours.
Les activités du centre : le jardin, lieu de rencontre et de jeux pour les enfants, de détente pour les familles. Une cafétéria. La Grande Salle ou salle de conférence, d’une capacité de 1000 personnes. Des formations y sont organisées : théâtre, écriture de chansons, informatique, cours complémentaires pour les étudiants, projet scolaire, situation des réfugiés… Des consultations par des psychiatres et psychanalystes ont aussi été organisées pour les enfants du camp souvent atteints de problèmes psychologiques suite à l’occupation et à la violence.
Cette salle est également louée pour des mariages, des fêtes, des concerts, des remises de diplômes. 
Laylac, centre palestinien d’action de la jeunesse pour le développement communautaire, en difficultés financières. 
Ibda’a, association pour le développement des capacité des enfants : “construire un environnement sûr pour les enfants et les femmes” du camp de Deisheh. Le centre met en place de nombreuses activités culturelles, sociales et pédagogiques, absentes dans le camp. Il s’agit de développer l’autonomie des participants par rapport à leur environnement tout en faisant connaître la question des réfugiés par des échanges culturels internationaux.
Shoruq, organisation pour les réfugiés, pour leurs droits :

 

Le camp a une population très active et résistante, marquée par la lutte. 
Jusqu’au retrait des troupes israéliennes en 1995, le camp était complètement encerclé par une barrière couverte de fils barbelés qui ne permettait d’utiliser qu’un seul des quatorze passages du camp, contrôlé par une porte-tambour par l’armée israélienne.
Le “Social Youth Activity Center” fut le premier centre de jeunes à Dheisheh, fermé de 1981 à 1993. De nombreux affrontements d’une violence extrême eurent lieu entre les militaires et les réfugiés, causant la mort de dizaines de palestiniens, l’emprisonnement et l’infirmité de centaines d’autres. 
Intifada – انتفاضة = Soulèvement
Avec le début de la seconde Intifada en septembre 2000, la résistance des palestiniens visant à mettre fin à l’occupation militaire a été l’objet d’une répression  violente, sans précédents dans l’histoire du conflit. A Dheisheh, les militaires tuèrent des enfants dans les rues du camp, enfermèrent des familles chez elles, les privant d’eau et de nourriture pendant plusieurs jours, bloquèrent l’accès aux soins pour les blessés et les mourants.
L’occupation militaire a eu un impact particulièrement fort sur la condition des femmes. Avec le nombre important d’hommes tués, blessés, emprisonnés ou infirmes, beaucoup de femmes sont devenues la seule source de revenus du foyer. Elles doivent alors subvenir aux besoins de leur famille, des enfants, de leur éducation, et parfois même des membres de la familles infirmes ou trop âgés. 
Ce sont les enfants, soit 50% de la population du camp, qui sont les plus touchés, par la pauvreté croissante. Les violations répétées des droits de l’homme, l’instabilité politique et l’atmosphère de violence qui règne dans le camp ont privé les enfants d’une enfance normale. Comme partout en Palestine, les enfants du camp de Dheisheh ont vécus le traumatisme des incursions militaires régulières, des raids nocturnes lancés par l’armée, des arrestations ou assassinats de membres de la famille ou de proches. Quasiment tous les enfants ici ont perdu des camarades de classes, des amis ou encore des parents, assassinés ou emprisonnés

Principaux problèmes : chômage élevé, réseau d’assainissement, école surpeuplée.

Jumelé avec la ville de Montataire

1989 : Ce jumelage est le premier entre une ville française et un camp de réfugiés palestiniens. Il est né de l’AJPF, Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes française, co-présidée par Fernand Tuil  de Montataire et Ahmed Muhaisen de Dheisheh. 

Montataire est une ville de l’Oise, 12 000 habitants sur 10,66 Km2.

Et notre correspondante là-bas : Mariana

Mohammed et Mariana ALFARARJA, réfugiés palestiniens d'Hébron
Mariana et Muhamad, à Montataire © Eric Larrayadieu

________________________________________________________

 


1 ♦ Mariana et Muhamad

 

[– Denis Lachaud  : Mariana et Muhamad, sœur et frère de seize et neuf ans, du Camp de Dheisheh (au sud de Bethléem) ont été invités à passer trois semaines à Montataire (jumelé avec le camp de Dheisheh). Mariana parle anglais. Ils sont venus pour la journée à Paris. Nous nous retrouvons au restaurant de la Mosquée. Photographie de Eric Larrayadieu à Montataire lors d’une fête qui leur est consacrée –]

 

Je viens de Palestine, Cisjordanie, Bethléem, camp de Deisheh.

Mon père travaille pour l’UNWRA, je ne sais pas exactement ce qu’il y fait. Ma mère est brodeuse, comme sa mère. Ma petite sœur brode aussi. J’ai cinq sœurs et deux frères. Quatre de mes sœurs sont mariées. Elles ne vivent plus à la maison. Une étudie pour devenir professeur, une autre étudie l’histoire, une troisième le business, une quatrième (je ne sais pas trop comment on dit en anglais) étudie pour travailler dans le social. Elles arrêtent leurs études quand elles sont enceintes et une fois qu’elles ont accouché, elles reprennent. Mon grand frère étudie le droit. Il est en deuxième année. Il n’est pas marié, il vit toujours à la maison. Moi plus tard, je veux faire des études pour devenir pharmacienne. J’ai de très bons résultats à l’école. J’adore ça.

Je me lève tous les matins à sept heures pour aller en classe. Sauf le vendredi et le dimanche. Je vais à l’école à Bethléem, assez loin du camp. J’en ressors à 13h40. Je reviens à la maison, je déjeune, je fais mes devoirs et après, je tchatte sur internet avec mes amies, ou je sors pour les voir. Avant je faisais de la danse mais j’ai arrêté.

 

Ma famille est originaire de Zakaria, un village à 25 km de Hebron. Mes grands-parents étaient paysans. Ils ont du fuir en 1948, ils sont venus au camp de Deisheh. Ils ne pensaient pas y rester longtemps. Finalement, ils y ont vécu plus de soixante ans. Mon grand-père a fait du nettoyage dans le petit hôpital de l’UNWRA.

Mon père est né à Deisheh.

Ma mère ne vient pas d’une famille de réfugiés.

A côté de moi, Muhamad chantonne en tripotant les franges du keffieh qu’il porte autour du cou.

La vie est dure, pour nous. Les rues sont très étroites dans le camp, il n’y a pas d’endroits où jouer pour les enfants. Il n’y a pas toujours d’eau, et en hiver, l’électricité est souvent coupée.  Et tous-tous tous (every every every) les soirs, les soldats israéliens entrent dans le camp. Ils pénètrent dans les maisons, ils cassent. Ils surgissent vers deux heures du matin. Les garçons sortent pour leur lancer des pierres. Pas les filles. Nos parents nous l’interdisent. Si je pouvais, je le ferais aussi. Chaque fois je dis à ma mère “Je veux y aller ! Je veux aller !“ mais elle me l’interdit. Les garçons y vont à partir de quatorze ou quinze ans. Ils n’ont pas forcément le droit, eux non plus, quand ils sont trop jeunes, mais ils y vont quand-même.

A côté de moi, Muhamad mime qu’il jette des pierres.

Une fois, Muhamad, mon petit frère, est parti vers le check-point. Il a marché jusqu’à la tour qui est derrière le camp d’Aida. C’est une longue marche. Il est monté dans la tour et il leur a jeté des pierres. Ils étaient plusieurs. Les soldats ont envoyé du gaz lacrymogène, alors Muhamad s’est enfui.

Pendant les attaques sur Gaza, ils sont moins venus, la nuit, dans le camp. Mais j’ai parlé avec mon frère, il m’a dit qu’ils sont venus hier. Il y avait beaucoup de gaz.

Il faut qu’ils partent, ce n’est pas leur pays.

Un jour, j’aimerais aller à Zakaria, pour respirer l’air, là-bas, et voir l’école où allait mon grand-père, voir où il priait.


A côté de moi, Muhamad s’ennuie. Il dit qu’il veut rentrer à la maison. François et moi suggérons à Céline, Mariana et Muhamad d’aller se promener au jardin des plantes, juste en face. C’est assez joli, on peut voir des animaux. Au moment où nous nous levons, la pluie commence à tomber.

______________________________________________________________

 


2 ♦
IBDAA, rencontre avec la troupe de danse

 

[- Denis Lachaud. La troupe de danse d’Ibdaa, un centre artistique et social créé au camp de Dheisheh, se produit en France et en Belgique. La tournée a été organisée par l’association Partage, qui soutien Ibdaa depuis plusieurs années. À chaque étape, la troupe est prise en charge par les bénévoles de Partage. Le jour où nous nous rencontrons, la troupe est reçue par la ville de Montataire et le comité de jumelage Montataire-Dheisheh. Un pique-nique a été organisé dans une base de loisirs. Les danseurs prennent ensuite le train pour Paris. Leur spectacle « Danser pour exister » est représenté le soir au centre Jean Dame -]

 

ICHAM

Icham a 39 ans. Il travaille en tant que bénévole pour la troupe. Il effectue avec les danseurs un training plus spécifiquement théâtral. Il a pris un congé sans solde afin de les accompagner dans leur tournée. Icham est né à Dheisheh, il y a toujours vécu.

« Mon métier est d’enseigner le théâtre. Je propose des ateliers à des professeurs ou à des enfants. Aux professeurs, j’enseigne comment animer des sessions avec des enfants sur l’écriture dramatique. Quand je fais écrire des enfants, je travaille autour d’une histoire. J’interviens aussi bien en Palestine qu’en Jordanie. L’écriture dramatique permet à chaque participant de se découvrir.

J’interviens bénévolement avec les danseurs d’Ibdaa sur le corps et les émotions. Je leur apprends comment transmettre leurs émotions au public. J’utilise des techniques d’Edward Bond, par exemple, en partant d’objets. Je les pousse à exprimer ce qu’ils ressentent. Je participe à la dynamique de progression du groupe. Quand tu as l’impression d’être parfait, c’est le début de la descente. Il faut toujours se préoccuper de progresser.

L’association Ibdaa (Créativité) existe depuis 1994. Elle a débuté dans la rue, au camp de Dheisheh. Il s’agissait de créer quelque chose pour donner de l’espoir aux gens, d’aider chacun à se libérer. Nous pensons qu’il faut des individus libres pour libérer le pays.

Au début, c’était une honte si un danseur touchait la main d’une danseuse. On s’est démené pour faire évoluer les mentalités. Maintenant c’est facile. Peu à peu l’association a élargi son champ d’action vers le sport, le travail social… Nous avons construit une relation de confiance avec la population. Les gens viennent.

Nous les réfugiés, nous sommes bien placés pour porter le message. Au sein du peuple palestinien, tout le monde ne perçoit pas le problème de l’occupation. Certains ont une belle maison, une belle voiture, la belle vie. Ils ne se sentent pas concernés. Ça aussi, c’est quelque chose qu’il faudrait changer. »

 

MUSTAPHA (25 ans)

« J’ai commencé en 2005. Je fais partie de la quatrième génération de danseurs. À chaque génération, on propose à deux danseurs de devenir entraîneurs pour les générations suivantes. On me l’a proposé, j’ai décidé de le faire. Aujourd’hui on en est à la sixième.

Il y a trois entraînements par semaine. On travaille beaucoup pour donner une âme au spectacle. On utilise la dabke, qui est une dans traditionnelle palestinienne. On s’en sert de support pour raconter l’histoire de la Palestine. Ce groupe a dansé deux fois en Jordanie. C’est sa première tournée en Europe.

Quand j’ai commencé, c’était parce que je voulais faire quelque chose pour soutenir la Palestine. J’ai trouvé ce centre.

J’aime apprendre les langues. Je parle arabe, anglais, un peu français. J’apprends l’hébreu aussi. Il faut que je puisse comprendre ce qui se passe quand il y a un problème.

Je veux partager notre histoire. L’histoire de mon pays, je la connais surtout par ce que j’ai vu de mes propres yeux, ce que j’ai entendu. Je me base sur ce que j’ai vécu quand je parle de la Palestine. »

 

MOHANAD (15 ans)

« J’ai rejoint le groupe il y a deux ans.

C’est une belle idée. La danse permet d’exprimer sa personnalité et de faire passer le message de l’occupation.

On peut s’exprimer en lançant des pierres aussi, mais on n’en tire aucun bénéfice. Avec notre danse, le message est plus clair.

J’aime l’entraînement aussi.

Sur scène, on rappelle les martyrs. Un ami à moi est mort une semaine avant notre départ. Il a reçu sept balles.

Ce que nous voulons, c’est nous débarrasser de l’occupation. J’y crois. »

 

RANIM (15 ans)

« Ça fait six ans que je suis membre de la troupe. La danse est un beau moyen de s’exprimer. J’ai eu du mal au début, c’était difficile.

C’est important de travailler sur le corps, les émotions.

En faisant partie d’Ibdaa, je contribue à faire passer notre message. Je rencontre des gens qui nous aident. »

 

DJUMANA (16 ans)

Je suis membre de la troupe depuis six ans. Danser avec Ibdaa est à la fois un bon moyen de refléter notre personnalité et de faire passer notre message.

Nous travaillons beaucoup pour transmettre nos émotions.

Ça me fait beaucoup de bien de trouver un moyen de m’exprimer. Je suis soulagée quand je vois, après la représentation, que le message est passé. Je perçois le plaisir du public, son émotion et tout le poids de la responsabilité tombe de mes épaules.

*

Plus je rencontre des Palestiniens, que ce soit en France ou en Palestine, plus je mesure leur double peine : non seulement doivent-ils souffrir au quotidien de l’occupation par l’armée israélienne, mais ils doivent aussi porter le poids du devoir de « faire passer le message ». C’est ce que leur communauté attend. Et c’est aussi, de l’autre côté, ce que nous attendons d’eux.

Dans une série d’entretien publiés sous le titre La Palestine comme métaphore, le poète Mahmoud Darwich déclare : « Le destin a voulu que mon histoire individuelle se confonde avec une histoire collective et que mon peuple se reconnaisse dans ma voix. »°. Il me semble que chacun des Palestiniens que j’ai rencontré est happé par ce destin. L’individu tend à disparaître derrière la cause. En temps de guerre, l’histoire individuelle se suspend au profit de l’histoire collective.

Quand je demande aux membres d’Ibdaa ce que leur apporte la danse et les tournées à l’étranger, ils sont presque surpris. Ce dont il s’agit, c’est de donner, pas de recevoir. Ils tentent alors une réponse. Ce que la danse leur apporte, ce que les tournées leur apportent, c’est une occasion de mesurer que le message passe, que leur devoir s’accomplit. Un peu d’oxygène aussi. Quelques instants de respiration hors de l’étau.

Denis Lachaud, septembre 2017

♦



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